Türk kahvesi

Publié le par Miss Cynik

autrement dit : café turc

Un bien joli mot, pas facile à commander, puique le "h" qui donne sa sonnorité si charmante au vocable, est aussi ce qui coûte le plus au locuteur français. Solution : allonger un peu le "a". Cela peut palier la difficulté à expirer le "h". Voir entraîner son expiration, dans le meilleur des cas. 

En ce qui me concerne, je n'ai généralement pas à me répéter quand je formule les 3 phrases de turc à mon répértoire. C'est donc après que ça se corse, puisque j'ai éphémèrement donné l'impression de parler turc.

Revenons à notre kahve! La préparation n'est pas très difficile, et bien vite quelqu'un vous iniciera volontiers. Le café turc se prépare, paraît-il, par décoction (je dis paraît-il, car je ne connaissais pas le nom du procédé). On met dans la casserole prévue à cet effet (tout en hauteur, avec un joli col) autant de tasses d'eau froide que de cafés  à préparer, autant de cuillerée de café finement moulu (Mehmet effendi, le plus prisé, le plus populaire), et eventuellement du sucre en fonction du goût recherché : sade ("nature" = sans sucre), orta ("moyen" = un peu sucré), şekerli (sucré).

On mélange, on chauffe à feu doux, jusqu'à ce que se forme une mousse si possible importante. Le café commence à monter sur les bords. Ne pas laisser bouillir. La mousse est capitale, et gage d'un bon café. On distribue cette mousse en répartissant en plusieurs fois le contenu de la casserole dans les différentes tasses.

On sirote ce doux breuvage, lentement, par petites aspirations, surtout vers la fin pour ne pas boire le marc.

Le marc... Quand j'entendais, petite (et même plus grande) qu'on lisait l'avenir dans le marc de café, j'imaginais qu'on observait le fond de la tasse, les monts et les vaux, les sillons peut-être, qu'y formaient le marc.

NON !C'est sur le bord de la tasse qu'on annonce la bonne ou mauvaise fortune de son voisin, à la fin d'un dîner, en famille, entre amis, chez soi ou restaurant. Pas besoin, semble-il, d'avoir de don particulier. Tout le monde s'y adonne, quelque soit la classe sociale, l'âge, le sexe (même si les femmes sont plus nombreuses à le faire).

Après la dernière gorgée, il faut couvrir la tasse avec la soucoupe retournée. Maintenir les deux, pouce sous la tasse, effectuer éventuellement un certain nombre de rotations (7? 3?...) dont le mouvement doit aller vers soi (si on est droitier, sens inverse des aiguilles d'une montre). Puis, on fait basuculer le tout de manière à ce que la soucoupe se trouve en bas, la tasse reposant dessus à l'envers. Mouvement vers l'intérieur également. Il faut ensuite laisser refroidir.

Quand c'est froid, on lit les bords de la tasses en observant les dessins qu'y a imprimé le marc. Il semble qu'il faille y trouver un point de départ de lecture et qu'on suive le bord correspondant à la chronologie. Quelque fois, le départ est ancré dans le passé. La suite a une amplitude variable dans le temps. On peut lire une période d'une semaine, ou celle de toute une vie... Qui voit-on? Des chemins de vies, dans les traces verticales, dont le nombre indique les choix possibles, la forme et la rectilignité la difficulté à atteindre le but... On voit des figures, des personnes, des animaux (un oiseau correspond à une nouvelle, un cochon à quelqu'un qui vous veut du mal...).

caf---turc.JPG

L'opération n'est pas finie.

Il faut verser ensuite dans la tasse le liquide qui 'est déposé dans la soucoupe. Eventuellement faire alors un ou deux voeux. Lorsqu'arrive la dernière goutte, on incline alors la soucoupe, et en fonction de la vitesse à laquelle glisse la goutte, du tracé qu'elle forme au dos de cette soucoupe, on peut voir si ce voeu se réalisera, rapidement ou pas...

On lit ensuite la soucoupe. Celle-ci représente le foyer. Là encore, un mélange d'intérprétation de symboles divers et variés.

Attention. Quand la prédiction est faite, on ne pose pas la tasse dans la sous-tasse, mais le contraire. Sous-tasse cette fois à l'endroit. Il est d'usage d'aller laver tout de suite le tout pour que les voeux se réalisent.

 

Publié dans türkçe biliorsunuz

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