Saint Michaux, priez pour moi.

Publié le par Miss Cynik

Qu'on me pardonne. Je bafoue peut-être les droits d'auteur. Peut-être pas. Ce n'est qu'un extrait. Un tout petit extrait d' Epreuves, exorcismes. Un extrait? Sa préface. Saint Michaux, priez pour moi...

 

Préface

 

Il serait bien étonnant que des milliers d’événements qui surviennent chaque année résultât une harmonie parfaite. Il en y en a toujours qui ne passent pas, et qu’on garde en soi, blessants.

 

         Une des choses à faire : l’exorcisme.

 

         Toute situation est dépendance et centaines de dépendances. Il serait inouï qu’il en résultât une satisfaction sans ombre ou qu’un homme pût, si actif fût-il, les combattre, dans la réalité.

 

         Une des choses à faire : l’exorcisme.

 

         L’exorcisme, réaction en force, en attaque de bélier, et le véritable poème du prisonnier.

 

         Dans le lieu même de la souffrance et de l’idée fixe, on introduit une exaltation telle, une si magnifique violence, unies au martèlement des mots, que le mal progressivement dissous est remplacé par une boule aérienne et démoniaque – état merveilleux!

 

         Nombre de poèmes contemporains, poème de délivrance, ont aussi un effet de l’exorcisme, mais d’un exorcisme par ruse. Par ruse de la nature subconsciente qui se défend au moyen d’une élaboration imaginative appropriée où tâtonnante, cherchant son point d’application optimus : les rêves éveillés.

 

         Pas seulement les rêves mais une infinité de pensées sont “pour en sortir”, et même des systèmes de philosophie furent surtout exocisants qui se croyaient autre chose.

 

         Effet libérateur pareil, mais nature parfaitement différente.       

 

         Rien là de cet élan en flèche, fougueux et comme supra-humain de l’exorcisme. Rien de cette sorte de tourelle de bombardement qui se forme à ces moments où l’objet à refouler, rendu comme électriquement présent, est magiquement combattu.

 

         Cette montée verticale et explosive est un des grands moments de l’existence. On ne saurait assez en conseiller l’exercice à ceux qui vivent malgré eux en dépendance malheureuse. Mais la mise en marche du moteur est difficile, le presque-désespoir seul y arrive.

 

         Pour qui l’a compris, les poèmes du début de ce livre ne sont point précisément en haine de ceci ou de cela, mais pour se délivrer d’emprises.

 

         La plupart des textes qui suivent sont en quelque sorte des exorcismes par ruse. Leur raison d’être : tenir en échec les puissances environnantes du monde hostile.

 

                                                                                     H. M.

 

 

Publié dans Je suis nulle en amour

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